HISTOIRE DE LA 7èmeVAGUE

HISTORIQUE D’UNE ACTION CULTURELLE D’UTILITÉ PUBLIQUE

7èmeVAGUE

30 ANS APRÈS, LA VILLE A TOUJOURS BESOIN D’UN THÉÂTRE

 

La genèse

 

          Le Café Théâtre 7èmeVAGUE a été construit entre 1997 et 1999 par une bande d’artistes fondée en mouvement artistique, culturel et citoyen depuis 1986 pour convaincre les décideurs d’ouvrir un lieu de création et de programmation de spectacles dans la deuxième ville du Var: un théâtre donc. Tel est depuis lors le but de l’association 7èmeVAGUE sous son label de production ”Constroy Mouvement”.

Un palmarès de 20 ans

 

          L’expérience de 7èmeVAGUE, c’est 30 ans d’action avec plus de 150 personnes qui ont tour à tour participé à avancer vers le but à atteindre. Ils veulent un théâtre, alors ils ont fait ce café théâtre de 50 places. En 20 ans, plus de 1 400 spectacles programmés, à raison de 65 par an, 30 000 spectateurs, un fichier de 2 500 abonnés potentiels et 1 200 adhérents abonnés par an. C’est en tout 5 créations théâtrales dont 4 éditées comme “la Trilogie seynoise”, 10 résidences d’artistes par an, 10 artistes ou groupes ayant produit ou en cours de production, et une capacité matérielle d’enregistrement image et son: 10 émissions de Gobie Bleu TéVé internet enregistrées en direct et en public et une dizaine de concerts faisant l’objet d’un enregistrement audio. Deux partenaires conventionnés d’apprentissage du théâtre et de l’improvisation. Une véritable entreprise associative qui oeuvre pour la première fois dans l’histoire de la ville à la constitution d’un patrimoine local du spectacle vivant.

            Son but déclaré consiste à promouvoir et diffuser la culture par le spectacle et la création artistique sous toutes ses formes. Son siège social est alors situé dans un magasin de vente de disques « Import-Export » dont le nom d’enseigne « Rock-in-Chair », rue Joseph Rousset à La Seyne-sur-mer, vient d’être créé de fraîche date par deux seynois devenus rapidement membres actifs de la toute jeune association.

 

Très vite, une vingtaine de membres actifs

 

— Organise durant deux années une programmation de concerts mensuels à la salle Apollinaire (1986-1988), avec des affiches de 1,20m x 1,60m sponsorisées par deux entreprises locales et collées gratuitement sur les panneaux d’un concessionnaire privé, installés à chaque carrefour de la ville.

— Forme un Groupe d’intervention artistique de rue très actif, qui annonce chaque spectacle sur les différentes places publiques, avec distributions de programmes.

— Mène une étude de marché qui montre déjà à l’époque, qu’un besoin de lieu de création se fait sentir dans la population et plus particulièrement chez les jeunes praticiens d’activités artistiques.

— Réalise, avec une cinquantaine de bénévoles, un festival ou « Fête de l’Expression Artistique » de trois jours et trois nuits au Fort Napoléon, qui attire 1000 personnes par jour, en début juin 1988.

          La démonstration de compétence et d’enthousiasme est inédite dans l’histoire de la ville, la dynamique d’une jeunesse constructive est sans précédent, mais les différentes municipalités ne se montrent pas prêtes à l’intégrer dans leur politique.

 

Une construction dans un contexte local hostile         

 

          7èmeVAGUE se veut une association libre de tout dogme idéologique ou religieux, bien dans l’esprit républicain de l’émancipation des consciences et d’une citoyenneté visant une démocratie locale conviviale et dynamique. Porteur de ces valeurs, son directeur-fondateur, Gérard Rinaldi, alias Tonton Dgé, conceptualise alors une action artistique, culturelle et citoyenne, sous le nom de « Constroy Mouvement ». Cette action, cette expérience ou cette histoire sera jalonnée de la création de sept associations; 7èmeVAGUE en est la quatrième, la centrale. Tout commence en 1978, avec l’entrée en scène du Groupe Toutalègou dont il est le co-fondateur et le chanteur. Un document vidéo de trente minutes montre qu’il faudra attendre 1999 pour que naisse le Café Théâtre; lequel apparaît alors comme le cheval de Troie et le symbole d’une construction culturelle locale empêchée. Tonton Dgé écrit le livre du Constroy Mouvement, avec comme sous-titre : « Une histoire, un Théâtre, une oeuvre, un Mouvement » comportant l’analyse du contexte politique qui explique l’empêchement.

Histoire du Constroy Mouvement :

1-1- de 1978 à 1992 … du Groupe Toutalègou aux Interventions de Rue et de Quartier

https://youtu.be/m8jgX87HrEk

1-2- de 1992 à 1998… du Mouvement Occitan de La Linha Imaginot à la Cave Berny

https://youtu.be/s8fzFi-QsnU

1-3- de 1999 à 2006… du Café Théâtre à une production artistique, culturelle et citoyenne

https://youtu.be/m8M4jREam1A

          En 2008 un journaliste titrait à propos du Café Théâtre 7èmeVAGUE: “Un petit qui a tout d’un grand”. Pourtant aucun adjoint ni aucun directeur de la culture n’est jamais venu s’intéresser à la fonction d’utilité publique remplie par l’équipe de 7èmeVAGUE.

          Sa direction vise depuis le début, une gestion de type coopérative d’artistes constituant une compagnie professionnelle ouverte et fondée qui permet de fédérer les artistes du territoire et les plus fidèles des spectateurs qui souhaitent s’aguerrir en bénévoles aux tâches d’accueil, d’organisation et de gestion. La valeur de la masse salariale relative à l’apport du bénévolat est estimée à 53 400€ par an. C’est d’un collège d’artistes (voir organigramme ci-joint) que doit être issue la direction de ce Théâtre qui est plus qu’un Café Théâtre. Il préfigure “le Théâtre (National) de la Rade”; un vrai grand Théâtre pour la ville. Pour cela, il  a révélé “le Théâtre de Nous” pour faire histoire commune, roman local. Il a initié une direction artistique d’intérêt général, avec ses trois sphères d’investigation: Cité, Littoralité, Euroméditerrannéité. Il a généré un projet d’action artistique, culturelle et citoyenne: le PACCS (*). Lequel a donné naissance à un cercle de citoyens pour le suivi et la promotion de ce projet: le «Cercle Citoyen moins les Murs» qui permet de penser une politique publique d’action culturelle visant l’amélioration de la qualité de la démocratie locale et une cohésion culturelle de la population, dans une commune libérée des idéologies de la période industrielle. Une traversée à pied, de la ville est proposée à cet effet pour mettre en partage ce Projet avec la population, et pour constituer un groupe de citoyens apte à le porter à sa réalisation.

          Une pétition est en ligne avec l’objectif de recueillir un maximum de signatures de soutien à ce projet qui englobe le dispositif théâtral de 7èmeVAGUE, le processus de Bourse des Citoyens, l’organisation de 7 événements festifs sous forme de Chantiers Culturels et une série de mesures éthiques pour faire de La Seyne sur Mer une Cité de caractère, attractive pour l’extérieur parce que créative de l’intérieur, dans un pourtour de Rade qui devient alors Capitale artistique, culturelle et citoyenne.

 

Une utilité culturelle pourtant identifiée par l’État

 

          La structure du Café Théâtre est née de la transformation d’un ancien chai à vin, et d’une subvention d’investissement obtenue dans le cadre d’un contrat État-Région-Ville (Contrat de Ville 1997). Il a ensuite fait l’objet d’un projet d’Extension en 2007 validé par le maire Arthur Paecht; projet qui a capté 1 million d’euros du FEDER (Europe) via l’accord de TPM. Ce projet a été ensuite validé par le maire Marc Vuillemot en 2008 avant d’être paradoxalement dévoyé en 2009 – 2010. C’est la Bibliothèque Armand Gatti qui a semble-t-il été bénéficiaire de cette Opération-FEDER. Il semblerait de plus, que la seconde municipalité Vuillemot n’ait pas éprouvé l’intérêt de remettre à l’ordre du jour du nouveau programme FEDER de 2013, le projet 7èmeVAGUE pourtant éligible dans le programme précédent. Finalement la ville ne sera pas retenue par l’État, pour ce nouveau programme. À noter que l’association a reçu 30 000€  de subvention en 2009, 15 000€ en 2010 et 7 500€  en 2014 (soit moins 75 % en 5 ans) et 6 750€ depuis 2016.

          C’est dans la perspective du projet d’Extension que la Ville avait acquis, en 2009, les trois étages situés au dessus du Café Théâtre 7èmeVAGUE et dont la vétusté a fait l’objet d’une procédure de péril ordinaire en 2015. La Ville devait également acheter le rez de chaussée (local du Café Théâtre) mais s’était rétractée 15 jours avant la signature. En février 2016, la Ville avait réadressé une promesse d’achat à notre propriétaire alors qu’au même moment le maire déclarait en substance qu’il n’avait d’autre choix que de fermer le Café Théâtre étant donné la situation critique des finances de la ville.

          La ville de La Seyne sur Mer manque depuis toujours d’un Théâtre. Elle a préféré abandonner l’opportunité d’un Théâtre national au profit de Toulon, pour faire à la place un Casino de jeux d’argent en 2008. Par ailleurs, elle n’a pas su faire de la Salle Apollinaire un véritable Théâtre, en n’ayant pas permis, depuis les années 75 et jusqu’à sa fermeture définitive en 2015, l’émergence d’une compagnie professionnelle et d’une production régulière et pérenne. Dans ce contexte, le Café Théâtre devient l’emblème à la fois du problème culturel de fond existant dans la politique publique locale, et à la fois de la solution à ce problème. Il y va de la place faite, et de l’ouverture, aux artistes du territoire et à leurs projets. La Ville de La Seyne comme Toulon et Saint Mandrier pour ne prendre que les trois villes qui bordent la rade n’ont aucune feuille de route, aucun projet culturel, ni pour elles-mêmes et encore moins de projet commun; donc aucun objectif, aucune perspective. C’est dans ce vide de sens que l’expérience et le projet de 7èmeVAGUE interviennent et prennent toute leur valeur. Et, à l’aune d’un contexte de politique idéologique de guerre froide et d’alternance gauche-droite infructueuse pour l’essor culturel local, menacer de fermeture le Café Théâtre en centre ville est vite apparu comme l’erreur qui aurait fait déborder tout un système.

 

Une structure patrimoniale et historique

 

          La rue Berny est la rue des chais datant de la fin du XIXè siècle, de la  grande période industrielle de la ville et de ses chantiers navals. L’immeuble qui abrite le Café Théâtre, ancien chai 3, est particulièrement évocateur de cette époque, avec ses murs de brique à nervures sablées. Deux autres chais pourraient faire l’objet d’une refonctionnalisation à l’instar de celui du Café Théâtre. Rappelons de plus que la rue porte le nom du maire Jean Louis Berny (1848 et 1852) dont la mairie se dresse au milieu de la rue à proximité des chais. Il y aurait là aussi une requalification à faire à son endroit. À noter que cette ancienne maison à trois étages appartient à une association juive et tenait lieu de synagogue il y a encore quelques mois. La rue Berny peut être considérée comme la rue des trois religions monothéistes, puisqu’elle comporte aussi un lieu de prière pour les musulmans depuis de nombreuses années et qu’elle relie la grande église Notre Dame de Bon Voyage à la poste. 

          Dans ce quartier du centre ancien, ainsi caractérisé, la dynamique et la convivialité du Café Théâtre sont donc d’une importance et d’une richesse sans égales pour la ville et ses habitants. Il produit de la création, de l’art du spectacle et du sens critique et émancipateur des consciences, dans la tradition des grecs et des Lumières.

 

Un soutien unanime et diversifié

         

          Les artistes du territoire de la rade et au-delà sont unanimes; le Café Théâtre répond aux demandes et aux besoins de bon nombre d’entre eux. L’accueil y est de qualité: disponibilité et compétence grâce à une équipe de bénévoles autour de Cédric Psaïla et de Tonton Dgé. Les résidences de création sont gratuites; les résidents ont la clé, c’est leur Café Théâtre.

          La jeune compagnie “29.10” y assure deux ateliers de théâtre par semaine. Une équipe de Théâtre d’improvisation “La Radit” y a établi son activité depuis trois ans, à raison de deux séances par semaine et une soirée “Cabaret d’Impro” bimensuelle. Le Théâtre Poquelin de René Raybaud à La Seyne et l’Espace Comédia de André Neyton à Toulon qui sont les plus anciennes compagnies professionnelles du pourtour de rade assurent leur soutien indéfectible au Café Théâtre seynois. Des jeunes rappeurs Tyger, Yoda, Seb’s, Théo et Morti, en passant par les jeunes artistes, musiciens ou comédiens, parfois issus du conservatoire (Éloïse Mercier, Cécile Vacquier) et quelques fois des professeurs, y compris ceux d’écoles privées, jusqu’aux talents les plus notoires comme le compositeur Philippe Festou ou le comédien-humoriste Patrick Cottet-Moine, le Café Théâtre est un espace-tremplin unique pour les jeunes artistes et les talents de tout âge. Il est une véritable ruche: ateliers de théâtre, résidences de création, répétitions musicales ou théâtrales en semaine et programmations qui s’enchaînent chaque vendredi et samedi.

 

Dans l’intérêt de la ville et de la Métropole

 

          Entre la Salle Tisot vouée à une programmation de “musiques du monde” dans les quartiers nord et la Salle privée du Casino Joa sur le port, deux salles de 500 places, le centre ancien a toujours besoin de valorisation et la ville d’un Théâtre. Les élus de l’agglomération se sont attelés aux infrastructures du spectacle: Chateauvallon, Liberté, Zénith et Opéra. Toutes à Toulon. Ils verront que la culture y perd si l’on oublie les liens qu’une culture de création et de participation peut et doit apporter en terme d’épanouissement et de sentiment d’appartenance de la population à son territoire. La cohésion culturelle est un service public de proximité oublié par les politiques culturelles publiques locales.

          Le Café Théâtre 7èmeVAGUE est art, culture et citoyenneté. C’est le lieu le plus libre, le plus ouvert, le plus fondé, le plus productif et donc le plus culturel de la ville. Son utilité publique locale n’est plus à démontrer. Ça produit de la pensée des lieux pareils et il en faudrait d’autres; ça innove et ça transmet, ça fait pousser des talents, ça fait école, ça fédère et ça crée.

          Il est plus qu’un Café Théâtre, il est la préfiguration du Théâtre National de la Rade, que l’association 7èmeVAGUE a mis en objectif depuis 30 ans, dans l’intérêt de la ville de La Seyne sur Mer et de la Métropole.

http://www.cafetheatre7vague.com

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